Trois Rondeaux de Charles d’Orléans

Genèse
Notre répertoire contemporain français est très restreint pour les choeurs A Cappella. Certaines partitions ne s’adressent qu’à des ensembles spécialisés mais ne peuvent atteindre un vaste public.
Sur les conseils de Marcel Corneloup, Président du mouvement A Coeur Joie j’ai écrit ces trois Rondeaux en 1975.

Le texte
Charles d’Orléans est un de nos poètes dont le langage semble appeler la musique. La forme ‘Rondeau’, elle-même assez concise permet d’écrire des pièces musicales cmplètes, mais de courte durée.
Chaque phrase du poète porte une coloration qui peut donner à la musique différents éclairages.
Le choix de ces trois textes correspond dans la forme globale en trois parties aux mouvements d’une forme instrumentale, concerto ou sonate : Modéré – Lent – Vif.

La création
Elle a eu lieu en 1975 au Festival de la Côte languedocienne , avec un ensemble vocal formé en majeur partie de Maîtrisiens de l’ORTF, sous la direction du compositeur.

L’édition A.C.J
Elle a permis à de nombreux ensembles vocaux de connaître et chanter ces pages.

Le temps a laissé son manteau
La phrase initiale est dans le mode de Mi, mais commence sur le IVème degré (La) pour s’infléchir progressivement sur l’accord de Mi. Ecriture harmonique et contrapuntique alternent tout à tour dans toute l’oeuvre.
La seconde strophe « Il n’y a bête ni oiseau » voit s’établir un dialogue entre les voix de femmes et d’hommes qui sera entrecoupé par le refrain du Rondeau.
La troisième section « Rivières, fontaines, ruisseaux » est plus modulante et ramène le pivot La. L’envoi final « Le temps a laissé son manteau » termine le Rondeau, comme chez Charles d’Orléans.

Dedans mon livre de pensées
C’est le mouvement lent du triptyque. La forme musicale suit de près la forme Rondeau du poète.
Le refrain est traité harmoniquement avec un mouvement en éventail partant de deux notes (Do – Mi) pour s’agrandir et se déployer sur l’accord de Mi Majeur.
La seconde section : « En effaçant la très aimée » s’échelonne en entrées et symbolise les images du texte, elle ramène le refrain initial.
La troisième strophe ‘Hélas, hélas, ou mon oceur l’a trouvée » commence PP et va moduler en s’agrandissant peu à peu pour arriver à FF « De peine et de labeur » pour finalement s’infléchir en dim et ramener l’envoi final « Dedans mon livre de pensée ».

Les fourriers d’été sont venus
Ce Rondeau final est traité comme le Rondo instrumental d’une sonate ou un concerto.
Une première phrase incisive et gaie, chante à l’unisson « Les fourriers d’été sont venus », elle se termine en éventail sur l’accord de « Ils sont venus ».
Un ostinato rythmique et renversable s’établit aux voix d’alto et ténor pour laisser place aux lignes mélodiques de se déployer entre les voix de basse et soprano. Cet ostinato va évoluer en modulant pour ramener le refrain « Les fourriers d’été.. »
La seconde strophe est plus calme, écrite en contrepoint « Comme d’ennui pièça, morfondus », elle amorce un crescendo « Vous ne demeurez plus » pour amener progressivement le dernier refrain qui amalgame les deux sections principales, ligne mélodique à l’unisson et ostinato rythmique.
Le Rondeau se termine dans la force et la joie en La M.